10.07.2009 / AGRICULTURE , PêCHE ET ENVIRONNEMENT VINGT QUATRIèME RAPPORT ANNUEL
Le développement du secteur des agrumes
Pour promouvoir le secteur des agrumes, un programme décennal a été élaboré en 1992 et a visé, principalement, le développement de la production, en vue d’atteindre 300 mille tonnes en 2000 et 375 mille tonnes en 2010.
Le secteur a connu, depuis 1997, un renforcement des différents instruments mis à sa disposition pour la sauvegarde des agrumes du Cap Bon. Il a bénéficié d'un programme présidentiel relatif à l’extension des plantations à des zones nouvelles et prometteuses situées dans les Gouvernorats de Ben Arous, Ariana, Bizerte, Jendouba et Kairouan.
Afin d'apprécier la contribution des différents programmes publics à la réalisation des objectifs escomptés du secteur, la Cour a entrepris, en 2008, une mission d’évaluation axée sur la production et la commercialisation des agrumes.
1- La production
La production du secteur des agrumes a sensiblement évolué durant les campagnes 2007-2008 pour atteindre 300 mille tonnes, tandis que le rendement s’est situé autour de 18,56 tonnes à l’hectare.
Dans les zones de plantation traditionnelles, le programme d’appui à la production de la variété « maltaise » lancé dans le Gouvernorat de Nabeul en 1997 a donné ses fruits, les quantités produites ayant atteint le niveau des prévisions arrêté par le programme. Toutefois, le rendement n’a été, durant la saison 2007-2008, que de 18,45 tonnes à l’hectare contre des prévisions de 30 tonnes à l’hectare. Ces résultats s'expliquent par les techniques culturales adoptées et par l’insuffisance des moyens de lutte contre les maladies ainsi que par le vieillissement des plantations.
Il s’est avéré également que les plantations ne reçoivent pas les quantités annuelles qui leur sont nécessaires et que les eaux du Nord mises à la disposition du secteur et dont la quantité est estimée à 35 millions de m3 sur l'année, ne sont exploitées qu’à hauteur de 20 millions de m3 par an, et ce, en raison du poids de la demande durant la saison estivale et de la faiblesse du débit due à la capacité limitée de pompage.
Il a été constaté un épuisement sensible de la nappe phréatique, le taux d’exploitation de la nappe ayant atteint, en 2005, 176% des ressources autorisées et entraînant une augmentation du taux de salinité qui fait obstacle à l’amélioration du rendement et de la qualité des agrumes.
De plus, les quantités d’eau utilisées annuellement pour la recharge de la nappe hydrique sont demeurées insuffisantes par rapport à la capacité potentielle des ouvrages de recharge.
En outre, l'utilisation de la technique d’économie de l’eau ne couvre que 32% des superficies agrumicoles du Gouvernorat de Nabeul et une part importante de celles-ci continue à être irriguée selon les techniques traditionnelles, occasionnant des pertes substantielles d’eau.
De même, le recours limité aux techniques d’économie d’eau n’a pas permis d’introduire le procédé d’intégration de fertilisants par la voie de l’irrigation localisée qui a prouvé son efficacité en fournissant aux plants les quantités d’engrais dont elles ont besoin, ainsi que sa contribution à la réduction des coûts.
Il a été également relevé que 70% des superficies souffraient encore de manque en potasse ainsi qu’en oligo-éléments. En revanche, il a été constaté une utilisation intensive de l’ammonitre de la part des agriculteurs; des superficies importantes sont, en effet, pourvues de quantités supérieures à celles recommandées, augmentant ainsi les risques de pollution de la nappe par le nitrate.
D'un autre côté, la part des pieds non soumis régulièrement à la taille a dépassé 60%, en 2007-2008, niveau identique à celui enregistré avant la mise en œuvre du programme. Cette situation est due à l’insuffisance flagrante de main d’œuvre spécialisée qui représente jusqu’à 59% des besoins durant la même campagne.
La stratégie de développement des agrumes a préconisé le recours aux moyens intégrés de lutte contre les maladies et les fléaux qui menacent les plantations et qui allient les traitements biologiques et chimiques. Toutefois, ce type de traitement n’a pas produit les effets escomptés et le traitement chimique est demeuré, par conséquent, le moyen le plus largement utilisé dans ce domaine.
La taille réduite des exploitations et l’âge avancé des agriculteurs, ont participé au caractère limité des opérations de rajeunissement des plants. Ainsi, le nombre de jeunes pieds n’a pas dépassé, 30 mille unités en 2007, sur un total de 1,8 millions de vieux pieds.
Quant aux réalisations des superficies plantées dans les nouvelles régions, elles ont dépassé les prévisions; la moyenne annuelle des superficies plantées a été de 642 hectares, ce qui correspond à 142% des objectifs du programme de développement des agrumes. Cependant, le rendement enregistré est demeuré modeste et n’a été, durant la campagne agricole 2007-2008, que de l’ordre de 10 tonnes à l’hectare au Gouvernorat de Kairouan et 13 tonnes à l’hectare au Gouvernorat de Jendouba.
La superficie totale créée dans le cadre du programme présidentiel de plantation d'agrumes dans les nouvelles zones a atteint, fin 2007, 594 hectares, ce qui représente un taux de réalisation de 79% des prévisions au terme des trois premières années du programme.
En raison de la propagation de la maladie du « malsecco » dans les régions traditionnelles, ce programme avait prévu, la plantation de 40 mille citronniers par an. Toutefois, le taux de réalisation n’a été que de 43% des prévisions en raison du manque d’intérêt manifesté par les agriculteurs pour cette variété d’agrumes.
2- Commercialisation
Le marché intérieur absorbe la quantité la plus importante de la production. Les quantités commercialisées à travers les circuits de distribution réglementés, n'ont atteint, durant la période 2005-2007, qu'une moyenne annuelle de 60 mille tonnes, alors que les quantités produites et destinées à la consommation locale dépassent 200 mille tonnes annuellement.
S’agissant de la qualité des agrumes commercialisées sur le marché local, les opérations de contrôle de conformité des produits aux normes en vigueur sont réalisées de façon sporadique et devront être multipliées pour garantir le respect des normes au niveau local à l'instar de ce qui est appliqué au niveau de l’export.
En matière d’exportation, le programme de promotion du secteur entendait porter les quantités annuelles à 50 mille tonnes en l’an 2000. Les réalisations ont été, durant les campagnes 2003-2007, d'environ 18 mille tonnes en moyenne par an, alors que, pour les exportations d’agrumes vers les pays de l’Union Européenne, le quota annuel réservé à la Tunisie et entièrement dégrevé de droits de douanes, est fixé à environ 40 mille tonnes.
Bien plus, aucune mesure susceptible de contribuer à la réalisation de la capacité d’exportation escomptée n’a été prise, ni par la valorisation du produit tunisien de qualité ni par sa promotion sur de nouveaux marchés, la quasi totalité de la production tunisienne étant écoulée sur le marché français.
En outre, il a été relevé que les produits exportés souffraient de certaines insuffisances, dont l’inobservation des conditions prescrites par les normes en matière de calibrage.


